mardi 26 juillet 2011

Etre concepteur rédacteur...


1. Pour vous, c’est quoi être concepteur – rédacteur ?

Comme son nom l’indique, le métier de concepteur-rédacteur consiste d’une part à concevoir et d’autre part, à rédiger ! En général, le client a une problématique, à laquelle il nous demande de répondre. La plupart du temps, notre mission consiste à trouver un concept pour appuyer la proposition et lui donner de la force. Pour trouver ce concept, plusieurs créatifs et un chef de projet se réunissent en team créative pour un brainstorming. Vient ensuite la réalisation graphique et la rédaction de contenus. Malgré tout, il subsiste de nombreuses différences entre le métier de concepteur-rédacteur print, et celui de concepteur-rédacteur Web; ce sont deux métiers très distincts.



2. Concrètement, quelles sont vos missions au sein de l’agence ?

La plupart du temps, je participe aux réunions créatives, et j’essaie, tant que possible, de trouver des idées pour répondre aux demandes des clients. J’interviens aussi dans la communication externe de l’agence, et notamment dans la rédaction du magazine ou encore des scénarios de vid’agence. Je ne suis pas la seule sur ces projets bien sûr, mais chacun apporte sa pierre à l’édifice. Je rédige aussi par exemple des articles pour des blogs, des sites, des communiqués de presse, ou encore des baselines. C’est un métier qui demande une grande capacité d’adaptation, d’autant plus qu’à C2b Interactive, le panel clients est très varié. Tout cela nécessite donc un long travail de recherche et de formation avant de se lancer dans le projet. Dernièrement j’ai par exemple suivi une formation auprès d’un expert métier en assurance professionnel dans le cadre d’un projet.


3. Y a-t-il une mission en particulier que vous voudriez présenter ?

La recherche de baseline est un des exercices que je préfère. Parce qu’en quelques mots (souvent moins de 6), il faut résumer l’âme d’un produit ou d’un service, le dire de manière attrayante, et surtout faire en sorte de se différencier des concurrents. La réalisation d’interviews me plait aussi parce que j’aime échanger de manière générale, et que les exercices de retranscription de l’oral à l’écrit m’intéressent beaucoup. Enfin, il faut dire que la rédaction est aussi très plaisante quand il s’agit d’inventer des scénarios, et de rédiger les dialogues, et c’est ce que je fais depuis la naissance de « vid’agence ». Cela m’a aussi permis de mettre a profit ces nouvelles compétences que j’ai acquises pour divers projets annonceurs plus ambitieux, où nous avons travaillé en collaboration avec un acteur professionnel ainsi qu’un prestataire vidéo.


4. Quelles sont les qualités essentielles d’un bon concepteur – rédacteur ?

C’est avant tout être inventif. Et en découle forcément d‘être curieux, car pour être créatif, il faut souvent s’intéresser, pas forcément à tout, mais pas non plus se contenter uniquement de ce qui nous intéresse. Prendre le temps de capter tout ce qu’on peut dans le quotidien pour nourrir son imaginaire et le faire grandir.
Mon astuce, c’est de prendre beaucoup de notes: des pensées, des choses vues ou entendues… je les reprends quand les idées ont du mal a venir.


5. Auriez-vous des conseils à donner à une personne qui souhaite devenir concepteur – rédacteur ?

Je pense qu’il ne faut pas attendre d’être devant le fait accompli, c’est-à-dire officiellement concepteur-rédacteur, pour être curieux et s’intéresser à des choses qui ne nous intéressent pas au départ. Dans l’absolu, une formation en marketing est bien évidemment nécessaire; pour ma part, j’ai fait une licence en conception rédaction après un BTS communication des entreprises. Ensuite, il est évident qu’il faut avoir une solide maîtrise des outils linguistiques, ainsi qu’un esprit synthétique. Donc à une personne qui souhaite s’orienter vers le métier de concepteur-rédacteur, et qui n’est pas forcément bonne en français, je conseillerais évidemment de s’entrainer à l’écriture le plus souvent possible. Et cela va de soi, lire est indispensable pour la culture générale. Si en plus de pratiquer on a la chance d’avoir quelques conseils de concepteur-rédacteurs expérimentés, on apprend beaucoup plus vite !


6. Quels sont vos sites de référence ?

www.ecrirepourleweb.com

Site de Muriel Vandermeulen, consultante spécialisée depuis 10 ans dans la stratégie éditoriale et l’ergonomie des contenus. L’auteur du blog a aussi publié en novembre 2010 le premier ouvrage en français dédié à la stratégie de contenu Web.


www.synonymes.com
Le site nécessaire pour tout concepteur-rédacteur qui se respecte. Un site de synonymes est indispensable pour les pannes d’inspiration, la recherche du mot juste, ou encore pour éviter les répétitions, et celui-là est particulièrement efficace.

www.cnrtl.fr

Le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales regroupe sur un seule et même portail un ensemble de ressources linguistiques informatisées et d’outils de traitement de la langue. A disposition : lexiques, dictionnaires, logiciles libres d’accès, etc.


Thefwa.com

Ce site regroupe toute l’actualité des sites flash récemment sortis, sites pour lesquels le concept est souvent très travaillé. Très utile donc pour être à la page, mais aussi trouver un peu d’inspiration !

samedi 9 juillet 2011

C'est l'histoire de quelqu'un qui a quelque chose à dire



Jean Dominique Bauby nait en 1952.

43 ans plus tard, sa vie s'arrête.

A moitié.


Victime d'un accident vasculaire cérébral, il plonge dans le coma.

Et puis, le Syndrome d'enfermement l'atteint, et le fait prisonnier de son propre corps.


Dans son roman « le comte de Monte-Cristo », Alexandre Dumas utilise pour décrire l'état d'une personne qui en est affectée, la métaphore du « cadavre aux yeux vivants ».


Jean Dominique, dans sa chambre d'hôpital à Berck, ne peut bouger aucune partie de son corps, aussi petite et souple soit-elle, excepté ses deux paupières.

Bien que paralysé, il a pleine conscience de son corps, et ressent le toucher, mais surtout la douleur.


C'est cette expérience involontaire et qu'il se devra de supporter malgré lui jusqu'à son dernier souffle, 3 ans plus tard, qui pousse Jean Dominique à utiliser ses paupières pour traduire ce qu'il voudrait tant pouvoir encore exprimer en utilisant sa voix.


Dans son œuvre, sentiments, impressions, et souvenirs s'enchaînent pour finalement laisser place à cette dernière phrase étonnante et magique :

« Il faut chercher autre part. J’y vais. »



Nous imaginons sans difficulté l'enseignement que Jean Dominique nous invite à tirer de ces pages miraculeusement arrivées jusqu'à nous.


Malheureusement, les innombrables livres et films sur le sujet, usant de tous les détours possibles et imaginables pour les rendre plus attractifs aux yeux des lecteurs et spectateurs, empêchent aujourd'hui son ultime message pourtant si pur, de nous parvenir intact, et avec toute la force et la puissance qu'il contient.


Métaphores, effets de style ou effets graphiques, décors et interprétations, n'ont pas leur place dans la « mise en scène » de ce message paradoxalement si simple

et universel.


Entendons réellement ce que cet homme avait à nous dire.

Profitons de cette merveilleuse étendue de temps et d'espace qui se déploie d'avantage à chaque seconde devant nos yeux et que nous appelons :

V I E .

Cette jolie blonde...



C'est d'abord ce bruit de pas, de plus en plus proche de moi, qui m'alerte. Puis vient celui d'un objet lourd qu'on pose, brutalement, précipitamment.

Je n'ai pas besoin d'ouvrir les yeux pour savoir qu'enfin, elle est là. Je garde les yeux fermés, je ne savoure que son odeur. Juste son odeur.

Doucement, mes paupières se relèvent, et devant moi, c'est bien elle. Dans sa jolie robe dorée je la regarde. Elle pétille, et frémit.
Sa fraîcheur a fait naître sur elle de toutes petites gouttelettes avec lesquelles j'aime m'amuser.

Du bout du doigt, je les effleure, et dessine avec elles des lignes courbes.
Je me délecte de la sensation électrique que me procure le contact de mon doigt brulant avec ce corps glacé.

Quand j'ai ma bière en face de moi, je réalise qu'aucune autre qu'elle ne sait me donner, si vite, autant de plaisir.
Alors, délicatement, je la prends, et l'amène jusqu'à mes lèvres qui n'attendaient qu'elle.

La société de l'éphémère


Instantanéité - rapidité - efficacité - proximité - productivité - mobilité - accessibilité.

Avoir tout, tout de suite. Accéder à tout, très vite. L'homme veut avoir du temps, et comme l'argent, en avoir plus, toujours plus.

C'est l'ère d'internet, des messageries instantanées, des téléphones portables. La génération twitter, Iphone, Ipad.

L'homme veut conquérir, posséder, consommer, aimer, vivre, mais surtout être quelqu'un.

Tous les moyens sont bons pour se démarquer. "Démarque-toi", clame Paul Ariès, dans son petit manuel anti-pub. Et pour ça, on utilise le web 2.0, les blogs, la téléréalité, le buzz marketing. Être célèbre, ce n'est plus être doué, c'est simplement être vu.

"Je suis vu donc je suis".

Ainsi, Cindy Sanders et Mickaël Vandetta sont les people de 2010. Leur talent ? Savoir se faire remarquer.

Mais le public a lui aussi son mot à dire. Les nouvelles technologies actuelles leur ont donné du pouvoir. Avis, critiques, conseils, coups de coeur; sur la toile, on donne son avis sur tout.

Mais la vraie révolution, c'est Facebook. Même si la plate forme a su très vite faire l'unanimité auprès des jeunes, elle a aussi creusé encore plus l'écart entre les générions.

Tout a changé, tout évolue, tout se transforme à vitesse grand V. Le langage, les relations, la musique - surtout la musique - même les frontières hommes/femmes tendent à disparaître.

D'un côté, les hommes prennent de plus en plus soin d'eux. Ils s'épilent et se pouponnent, suivent la mode et parlent chiffon. Les femmes, elles, revendiquent leur statut de "femmes indépendantes". La femme au foyer, c'est terminé ! D'ailleurs, le nombre de foyers monoparentaux le prouve.

On se marie, on divorce, on retrouve quelqu'un, on se pacse.

On veut tout vivre en même temps, multiplier les expériences. Tout connaître, tout goûter. On a plus de temps consacré aux loisirs et pourtant, jamais autant de personnes n'ont déclaré souffrir d'un "manque de temps libre".


2010, c'est l'ère de l'éphémère.

Et ça n'est pas près de s'arrêter.

La chasse aux oeufs


« Prêts ? Partez ! » On coupe le ruban, et voilà quelques centaines d'enfants déchaînés et excités qui se ruent dans tous les sens, sans savoir exactement vers quoi ils se dirigent, mais pourtant tellement assurés dans leur démarche. Un élan de bonheur et de frénésie, qui, vu de haut, doit bien ressembler à un nid de fourmi dans lequel on aurait mis un grand coup de pied. Les bambins se précipitent, regardent à droite, puis à gauche, ils ne savent pas où aller mais ils ont tous un objectif en commun: en trouver un, juste un.

Les œufs en chocolat sont bien cachés: dans les arbres, derrière les rochers qui bordent le lac, ou enfouis dans les buissons, quelques-uns ont même simplement été dispersés dans la pelouse, pour que les plus petits aient eux aussi leur chance de revenir avec leur ration de chocolat. A ces petites friandises, les grands prêtent à peine attention. Ce qu'ils cherchent, ce sont les très gros œufs, ceux qui, dans leur emballage multicolore ou argenté, font scintiller même les yeux des adultes.

Les parents, justement, observent la scène de loin, ou aident leur progéniture à saisir un œuf caché un peu trop haut en les soulevant, bras tendus, en direction du ciel. Certains, discrètement, se retirent, et prennent un moment, pour penser à ces quelques années qui les séparent du moment où eux-même, naïfs et insouciants, courraient au milieu de ces grands arbres épineux.

Chaque année, la chasse aux œufs connaît le même succès, et cela semble heureusement bien loin de s'arrêter !

Le Café des Rêves


.

Toutes les trois semaines, une vingtaine d'individus se retrouve au café de Paris, à dix-neuf heures. Certains se connaissent déjà, d'autres se croisent pour la première fois.

Marius, chargé de communication à la maison Folie de Moulins, anime la soirée. Jusque vingt et une heure, ce petit groupe va échanger autour d'un centre d'intérêt qu'il a en commun: le rêve.

Pourtant, cet endroit n'a rien d'onirique. Un café comme il en existe des centaines d'autres. Le bruit des tasses et des verres qui se cognent, des chaises qu'on déplace, et des hommes qui rient ou débattent à haute voix de sujets divers, a tendance a dédramatiser le sujet que l'on s'apprête à aborder. En dépit de cela, l'endroit est plutôt sombre, tout au moins mal éclairé malgré les nombreuses fenêtres: sans doute à cause des murs de briques rouges et du bois foncé qui compose le mobilier du café. De nombreux supports sont suspendus aux murs: reproductions de tableaux célèbres, caricatures, tableaux avec le plat du jour noté à la craie. Ces choses que l'on aurait sans doute trouvées ridicules ou désuètes dans un autre contexte, deviennent tout à coup étranges, presque même inquiétantes

Il est dix-huit heures cinquante, Marius est déjà au fond du café. Dans sa veste rouge qu'il a l'habitude de porter, il relit ses quelques fiches, peaufine son travail pour s'assurer que, bien que le sujet soit quelque peu irrationnel, son intervention tienne la route. Les premiers participants du café des rêves prennent place autour de lui. Quelques minutes plus tard, tout le monde est installé, avec une bière ou un chocolat chaud, et s'apprête à plonger dans un univers où chacun s'aventure, en principe, la nuit.

« Tout le monde rêve » démarre Marius. « A partir du moment où l'on a dormi plus d'une heure et trente minutes, on est certain d'avoir rêvé ». Avec beaucoup de conviction, mais surtout de sincérité, il expose les quelques principes que se doivent de respecter tous ceux qui désirent partager ce moment avec les autres. « Ici, on n'interprète pas, on ne trouve pas de réponses a ses rêves, rien d'occulte ou de paranormal; juste un débat que je suis ici pour gérer ou modérer si besoin, des connaissances que je vous apporterai au sujet du rêve dans d'autres culture que la culture occidentale, et puis aussi, une occasion de rencontrer d'autres personnes, venues d'autres milieux, mais unies par cette même fascination ou curiosité pour ces suite d'images animées et souvent absurdes que nous rencontrons plus ou moins fréquemment pendant notre sommeil ». C'est librement que chacun intervient, amène sa pierre à l'édifice pour tenter de proposer aux autres des pistes de réflexions, des ouvertures sur de nouvelles idées, ou juste son expérience qu'il a envie de partager...

Je retourne (encore) ma veste


Exercice : Choisir un livre, un film, une pièce de théâtre, qu'on a vu ou lu.
En faire une critique très positive, puis extrêmement négative.

Laquelle est la vraie?


Laissez-vous emporter par le nouveau chef d’œuvre de Michael Haneke.

"On brouille les pistes, on change de point de vue, on passe à l’histoire suivante, on reste sur sa faim, on revient au départ, on ne trouve pas de solution, on se regarde, se soupçonne, et on se dit que le coupable n’est pas quelqu’un.
Car ce scénario, finalement, nous invite à chercher un coupable. Mais pas à le trouver.
Après quelques instants, notre attention est détournée.
Et puis on comprend.
Tout cela n’est qu’une excuse.

Trop souvent critiqué, jusqu’à être qualifié de « cinéaste du mal », Michael Haneke revient malgré tout à la charge, intarissable, et nous donne a voir une nouvelle fois l’ampleur de son talent par la maîtrise simultanée des images, du scénario, des dialogues et de la musique.
Mais cette fois la violence qu’on ne cesse de lui reprocher « ne se voit pas ».

Le choix des acteurs est, quant à lui, irréprochable.
L’expressivité de chacun de leurs visages est accentué par la force silencieuse du noir et blanc, et la lenteur des scènes.
Le tout est d’une beauté frappante, et donne dès les premières images toute leur force au film, en plus de le rendre crédible.
Mais le choix d’un film en nuances de gris renforce aussi l’étouffement des sentiments et des pulsions infligées implicitement à tous les personnages.

Prenez un petit espace privé. Un village par exemple.
Prenez un petit village allemand, en 1913.
Mettez-y un médecin, un instituteur, un baron, un pasteur, des paysans, et des écoliers. Resserrez bien le tout, étouffez presque ce petit monde.
Soumettez chaque individu à l’ordre, qu’il soit familial, social ou religieux.
Extrapolez à l’infini.
Voici le monde.

Un semblant de déroulement logique, et une absence de morale clairement exprimée permettent à chacun une libre interpretation de ce long métrage, avec juste à l’horizon, une réflexion suggérée sur le mal et ses racines.

Certains verront dans ce film une explication à la naissance du nazisme, d’autres une dénonciation d’une éducation souvent stricte.
Je vous pose la question : Vous voulez voir du vrai ? Ne manquez pas le Ruban blanc."

Je retourne ma veste...



Exercice : Choisir un livre, un film, une pièce de théâtre, qu'on a vu ou lu. En faire une critique très positive, puis extrêmement négative.

Laquelle est la vraie?


Le Ruban Blanc : Un paquet de nœuds !

"Après presque 2h30 de visionnage, on se pose les mêmes questions qui nous ont fait hésiter à tenter la nouvelle expérience proposée par Mickaël Haneke :« Le Ruban Blanc » ou « Une histoire allemande d'enfants », sous titre censé conférer une dimension, voir une morale universelle à la vie de quelques individus à l'aube de la première guerre mondiale.

Un film tourné en noir et blanc, qui se déroule dans un village protestant de l'Allemagne du nord, et nous emmène sur les traces à peine visibles d'un criminel qui restera indéterminé, après avoir mis au dessus de tout soupçon, ou presque, le groupe d'enfants du village.

Des adolescents presque caricaturés tant le rapprochement avec les enfants maudits du « village des damnés » semble évident.


Une voix off, qu'on apprend plus tard être celle de l'instituteur du village, donne, sans apporter aucun dynamisme au film, quelques indications sur les images qui suivent, en soulignant l'importance du fait qu'il ne s'agisse que de souvenirs. Souvenirs qui ne semblent pas être un choix audacieux s'il l'on a en tête de réaliser une retranscription crédible de la réalité.


Mais quel est l'intérêt d'un film si long -pour ne pas dire lent- et sans aucun dénouement, ni même l'ombre de ce qui pourrait s'apparenter à une piste de réflexion?


A la grande stupéfaction des spectateurs qui, après plusieurs secondes de générique, ne veulent toujours pas y croire, oui, ce film s'arrête bel et bien brusquement et abruptement sans nous livrer de message évident.


Haneke semble oublier d'avantage à chacun de ses longs métrages la dimension de divertissement pourtant tellement recherchée par un public toujours plus amateur d'évasion et de couleurs.


Mais où est l'intrigue ?


La caméra suit alternativement un personnage, puis l'autre, jusqu'à faire le tour de la quarantaine d'acteurs qui se donnent ici la réplique, et ainsi de suite. Un choix du réalisateur qui n'aide pas à comprendre un scénario déjà peu fluide si ce n'est inexistant, en plus d'être ponctué de passages d'une banalité sidérante.


Enfin, toutes les hautes « autorités » telles que l'éducation, la religion ou même la médecine, sont implicitement désignées comme « responsables » des grands malheurs du siècle à venir. Le ruban blanc en est l'illustration, car il rappelle la façon particulière qu'avaient à l'époque les parents d'enseigner aux enfants certaines valeurs telles que l'innocence et la pureté, c'est à dire en le nouant autour du bras de leur progéniture.


A cette violence que nous côtoyons au quotidien, il fallait un coupable, Haneke nous le livre injustement dans ce long métrage terne et ennuyeux."


La chèvre


Imaginer la suite de cette phrase :

« Une cloche tinta. On aurait dit une chèvre qui gambadait, une chèvre qui aurait eu une cloche au cou, naturellement. »

L'exercice est simple, ou du moins il y paraît...


Une cloche tinta. On aurait dit une chèvre qui gambadait, une chèvre qui aurait eu une cloche au cou, naturellement.

Pour y avoir déjà pensé, il me semble que j'aurais aimé être une chèvre. A condition, bien sûr, d'avoir conscience de mon existence de chèvre.

Tout petit déjà, je rêvais de grands espaces. De collines et de rivières, de terre, d'herbe, et de rocaille. La nature et le grand air me donnaient des ailes. Et puis, surtout, je savais m'ennuyer. Je possédais donc la qualité essentielle pour mener une vie de chèvre trépidante. Parce que les vies de chèvres PEUVENT être trépidantes. Ou tout au moins, c'est à cela qu'aspire n'importe quelle chèvre qui se respecte : l'aventure. Monsieur Seguin me l'a appris; j'avais quatre ans.

Aujourd'hui, l'aventure, la nature, tout cela était bien loin.
Agent d'entretien dans un grand magasin, il faut avouer que c'est un travail assez ennuyeux. Et répétitif. Et la dimension d'espace, excepté dans l'intitulé « grand magasin », je ne la retrouvais nulle part. Pas même une fenêtre pour m'évader...


Il fallait me rendre à l'évidence : si ma vie de chèvre promettais d'être réussie, ma vie d'humain était, à l'inverse des étendues vallonnées qui me faisaient rêver, particulièrement plate et sans résonance... Cette cloche qui continuait de tinter derrière moi, sur cette immense place noire de monde, était là pour me le rappeler.

Nostalgie


Nostalgie de quand j'étais plus petite, plus bête, plus méchante, plus spontanée, ... moins grande.
Nostalgie de quand je pouvais me glisser le lit chaud des parents et que, surtout, j'avais le corps qui s'y prêtait. Petit corps frêle et fragile, corps qu'on serre fort et corps qu'on soulève, qu'on chatouille et qu'on embrasse.


Nostalgie de ne plus pouvoir parler. Les paroles ou réflexions autrefois spontanées, tellement vraies, ont laissé leur place à des mots réfléchis, programmés, à des phrases toutes faites, des proverbes, des choses entendues et répétées. Les regrets de ne plus pouvoir dire ce qu'on a à dire parce que "quand c'est petit c'est mignon", ou que "la vérité sort de la bouche des enfants". Bref, quand t'es grand t'as plus rien à dire sauf si tout est passé par la case "censure".


Nostalgie de cet amour complice entre frère et sœur. On s'aimait parce qu'on voyait l'autre comme son semblable, qu'on aimait la vie ensemble, on aimait se blesser et se retrouver, parce que justement, on SAVAIT qu'on se retrouverai. Aujourd'hui, rien n'est moins sûr. La difficulté et la douleur que nous endurons de ne plus nous comprendre, et les regards si creux que nous nous échangeons à présent, nous amènent inexorablement à ne plus nous aimer.


Nostalgie de l'illusion. Celle de croire, trop longtemps, que Ma Maison était Disney World. Que mes parents s'aimaient pour l'éternité, que les jeux avec mon frère étaient les plus drôles qui existaient, que je serai toujours récompensée pour le bien que je ferais, que nous étions riches et intelligents, et qu'un jour le prince charmant jetterai un petit caillou sur ma fenêtre pour me proposer d'aller recommencer le même topo dans une contrée éloignée...